DECRYPTAGE
Je profite de la venue de Dmitry Rybolovlev, le milliardaire russe président de l'AS Monaco, à Biarritz, à l'Hôtel du Palais of course, pas au Campanile du coin, pour vous parler ballon. Foot quoi. Un sport aujourd'hui en pleine démesure en France alors qu'il y a encore deux, trois ans, le foot bizness frenchy était en berne. L'arrivée du Qatar au PSG et de Rybolovlev en Principauté (photo "Monaco matin"), où la famille Rainier a toujours aimé les Russes très riches, a bouleversé la donne : la France, enfin Paris et le Rocher, attire les meilleurs joueurs de la planète à des prix défiants toute concurrence. L'agent portugais Jorge Mendes a vendu à l'ASM quatre joueurs, deux pour 70 M€ et le seul Radamel Falçao pour 60 M€, avec un salaire annuel net de 18 millions d'euros. Quand Radamel part cinq minutes aux toilettes, il gagne 175€, ou si vous préférez il gagne 50 000 euros par... jour : hallucinant !
"France football" a expliqué clairement la façon dont fonctionne le foot bizness aujourd'hui et la prédominance des agents tout puissants (n°3510, du mardi 16 juillet 2013, "La face cachée des transferts"), à l'instar de Mendes (Cristiano Ronaldo) ou Mino Raiola (celui d'Ibrahimovic) qui raflent des commissions exorbitantes. Des livres récents et une BD (cf. ci dessous) nous éclaire un peu plus sur cet univers trouble du football : Daniel Riolo, qui ne fait pas dans la langue de bois sur RMC, s'intéresse au volet social dans "Racaille football club", et décrypte la PME joueur qui ne respecte plus les "valeurs" du foot, à commencer par les contrats signés. Autre bouquin éclairant, celui de David Garcia"Histoire secrète de l'OM" dans lequel le journaliste indépendant lève le voile sur le mal qui ronge l'OM...
Il y a en effet belle lurette que le milieu du foot français a été envahi par... le milieu, le vrai, celui du très grand banditisme. On peut ici parler de mafia du foot, à l'international. Mais aussi en France, et pas que dans le sud ! Thierry Colombié nous confiait : "Le football, via le rôle off de certains agents et présidents, est devenu l’une des vaches à lait de la criminalité organisée, ce qui laisse à réfléchir sur l’entrée de nouveaux riches dans le business. Le point de départ, c’est la passion du ballon combinée à la facilité de pouvoir tranquillement laver son pognon, via la billetterie par exemple. Les droits télévisuels ont considérablement modifié la donne : on ne blanchit plus, on réalise des maxi-profits. Dans les coulisses des clubs pros, puisque le profit se réalise surtout sur les transferts des joueurs, c’est un vrai système qui s’est mis en place dès le début des années 1990. Quant aux joueurs, ont-ils le choix ? Je ne le crois pas. Crédules pour la plupart, ils sont pieds et mains liés, paradoxalement pour leur plus grand bonheur car qui, dans notre civilisation du spectacle et du fric facile, ne rêve pas de devenir une star qui pourrait tout s’offrir d’un claquement de doigt ? Enfin, il en va de la paix sociale : contrôler des clubs de supporters, voire la direction d’un club, c’est installer des cellules de veilles dans tous les quartiers, avoir accès à ce qui n’a pas de prix : le renseignement. Et cela, c’est justement ce que les politiques veulent obtenir pour conserver leurs pouvoirs, quitte à faire quelques entorses avec la sacro-sainte vertu. [Quant à l’affaire Zahia, c’est un pied-de-nez fait à la justice : Zahia ne s’est même pas portée partie civile et l’affaire se juge sans aucun des protagonistes. Selon que vous serez puissant ou misérable…]"
Bibliographie :
- Team IR$, "Football connection", Bourgne et Desberg au Lombard. Quand le fameux Larry Max s'intéresse au foot, "un sport qui oppose deux équipes de 11 joueurs. Et à la fin, ce sont toujours les mêmes qui gagnent de l'argent...", superbe BD !
- "Histoire secrète de l'OM", par David Garcia, Flammarion, DL mai 2013, 19,90€
- "Racaille football club", par Daniel Riolo, Hugo & Cie, DL avril 2013, 16,95€